« I like my rock’n’roll funky ! », lance Prince en ouverture de ses deux concerts surprises au Paradiso d’Amsterdam la nuit dernière. Désormais accompagné des 3rdEyeGirl, un power-trio féminin composé de Donna Grantis (guitare), Hannah Ford (batterie) et Ida Nielsen, le Nijinski de la pédale Boss endosse le rôle du sugar daddy coiffé d’une afro digne d’un danseur de Soul Train, ou, au choix, celui de la réplique de poche du Jimi Hendrix des derniers mois. Malheureusement, et comme l’avaient déjà anticipé les récentes tentatives studio de la formation, Prince offre avec 3rdEyeGirl l’une des propositions musicales les plus anecdotiques de son éblouissante carrière scénique. Tout le monde s’agite, prend la pose et pulvérise le compteur de décibels, mais on réalise très vite qu’il ne se passe pas grand-chose dans le rock plastique et faussement débraillé d’un groupe qui sonne plus proche du formatage College-FM que de l’Electric Church Music. Hilare au centre d’interprétations brouillonnes des plus belles pièces de son catalogue binaire (« I Like It There », « Bambi », « I Could Never Take the Place of Your Man »), Prince semble mettre de côté sa légendaire exigence musicale. Étrange spectacle et peu d’éclats à signaler, donc, au cours d’une première représentation de deux heures, à l’exception du final frontal de « Dreamer », d’un « Sometimes It Snows in April » à peine amoché par une grosse caisse malvenue et, plus involontairement, d’un incident digne de Spinal Tap quand les confettis bouchent l’accès au rack d’effet de Donna Grantis et occasionnent une coupure de plusieurs minutes dès le troisième titre du concert. Le Paradiso, c’est l’enfer !
Par chance, le Prince de minuit sera supérieur à celui de 19 heures. Nettement plus inspiré, ce night-show évite la redite en calant sa setlist sur le répertoire moins salué des années 1990. « Endorphinmachine » étire ses chorus en chorus himalayens, « The Love We Make », le medley « The Question of U/The One » puis un « The Max » à 180 à la noire lavent l’honneur d’un premier set en pilotage automatique. Surprise totale quand « So Far, So Pleased », une plage anodine du piteux Rave Un2 The Joy Fantastic (1999) transfigure les 3rdEyeGirl en révélant un girl-group sans prétention type Shangri-Las ou Runaways guidé par un Kim Fowley aux allures Chaplinesques. Et Prince n’oublie pas de citer les grands en glissant lors du break proto-carribéen de « So Far… » le « Cisco Kid » de War, suivi d’une jolie citation du « I’ll Take You There » des Staples Singers par Ida Nielsen au coeur d’un épatant « Crimson & Clover ». On dit que Prince et son power-trio devraient se matérialiser à nouveau sur le vieux continent dans les prochains jours. Certains iront bronzer ailleurs, mais d’autres sont déjà prêts pour un nouveau go-fast.
Set List show I :
- Let’s Go Crazy Reloaded
- Endorphinmachine
- Screwdriver
- She’s Always In My Hair
- Liathach
- I Could Never Take The Place Of Your Man
- Guitar
- Plectrum Electrum
- FixUrLifeUp
- I Like It There
- Bambi
- Cause And Effect
- Sometimes It Snows In April
- Dreamer
- Stratus
- Purple Rain
Set List show II :
- The Breakdown
- Endorphinmachine
- Screwdriver
- Stratus
- The Question of U/The One
- The Love We Make
- So Far, So Pleased
- Guitar
- Plectrum Electrum
- FixUrLifeUp
- The Max
- Crimson & Clover
- Bambi
- Cause and Effect
- Let’s Go Crazy Reloaded