34 ans après son premier Bercy, la cadette du clan Jackson réinvestit les lieux pour une seule soirée. Une date parisienne attendue après une série de rendez-vous manqués ces dernières années.
The show must go on. Le clan Jackson, endeuillé par la disparition de Tito, membre fondateur des Jackson 5, continue d’écrire son histoire sur scène. Janet l’éternelle cadette rebelle, affronte cette épreuve en retrouvant son public dans un Accor Arena presque plein. Le nom de la tournée résume tout : Together Again : ensemble à nouveau, dans ce monde ou dans l’autre.
Le show démarre avec une scénographie stylisée et dépouillée. Moulée dans un costume noir à strass, Janet Jackson affiche une forme physique impressionnante du haut de ses 58 ans. Elle évolue comme une commanderesse electro-pop entourée de danseurs qui pourraient être ses fils. Avec les années, le geste est plus lent tout en étant posé et précis, et Janet Jackson en profite pour multiplier des poses tour à tour sensuelles et hypnotiques, telle une diva à la force tranquille.
La setlist démarre avec des titres issus des albums sortis dans les années 2000 et 2010, un répertoire très majoritairement méconnu du public impatient d’écouter les hits qui ont construit la légende de Miss Jackson. L’orchestre, jusque-là dissimulé derrière un gigantesque rideau de fer, finit par surgir. Le groupe enfonce alors le clou et enchaîne les tubes 100% Flyte Tyme, en sublimant les nappes et autres pistes pré-enregistrées pour ce show qui enchaîne les medleys à un rythme effréné. La connexion avec le public est enfin établie et les choses sérieuses peuvent commencer. La séquence des années Control est l’occasion de sortir des cartouches décisives. Janet est généreuse et fouille dans ses archives jusqu’à nous servir le confidentiel « Diamonds », commis avec Herb Alpert en 1987.
Après un détour obligé et bienvenu sur ses ballades lascives, la star livre un dernier acte fatal qui a raison du public, témoin d’une renaissance scénique qui ne pêche que par son manque de nouveaux titres (son dernier single date de 2018 et ne fait pas partie du show). Cette dernière salve donne la part belle à « State of The World » et « Rhythm Nation », deux hymnes urbains dont les paroles n’ont, malheureusement, pas pris une seule ride. Mais c’est bel et bien l’apparition sur grand écran du King of Pop au son du riff numérique de « Scream » qui parvient à déclencher le frisson unanime.
Face à un public multigénérationnel, Janet Jackson livre ses messages sur la confiance en soi et les inégalités sociales, en dégageant une solide énergie pleine de maturité. Au bout d’une heure et 45 minutes, elle s’éclipse en lâchant un « be safe » appuyé par un regard sincère. Loin du wokisme servi par ses jeunes consœurs américaines, Janet Jackson vient humblement nous rappeler à quel point son héritage traverse le temps, avec ce sentiment doux amer qui nous cueille au terme de ce récital impeccable : « à quand un nouveau hit, Miss Janet ? ».
Richard Lecocq
Setlist :
Act I
« Just Dance »
“Night”
“2nite”
“Slolove”
“Rock With U”
“Throb”
“All Nite (Don’t Stop)”
“No Sleeep”
“Got ’til It’s Gone”
“That’s the Way Love Goes”
“Love Will Never Do (Without You)”
Act II
“What Have You Done for Me Lately / “Get It Out Me”
« Nasty »
“The Pleasure Principle”
“You Want This”
“When I Think of You”
“Diamonds”
“The Best Things in Life Are Free”
“Control”
“Son of a Gun (I Betcha Think This Song Is About You)”
“Take Care”
“Let’s Wait Awhile” / “Lonely” / “Funny How Time Flies (When You’re Having Fun)”
“Again”
“Any Time, Any Place”
“I Get Lonely”
“With U”
Act III
“The Body That Loves You” / “Runaway” / “Spending Time With You” / « What’s It Gonna Be »
“Make Me”
“All for You”
“Alright”
“Escapade”
“Miss You Much”
“Feedback”
“So Excited”
Act IV
“Would You Mind” / “You Ain’t Right” / “Dammn Baby”
“State of the World”
“The Knowledge”
“If”
“Scream” / “If” / “Black Cat”
“Rhythm Nation”
Rappels
“Whoops Now »
« Together Again »