Le lendemain de son tout premier concert en France, Shuggie Otis a doublé la mise dimanche soir dans les sous-sols rococos du Silencio, club Lynchien et hypra select du quartier de la Bourse, lors d’une soirée sur invitation only devant une cinquantaine de noctambules (dont Joey Starr). À 23 heures pile, Shuggie Otis, croisement surnaturel de Gérard Hernandez et de Machete, arrive sur scène puis reproduit, à peu de chose près, le set de la veille. Ce qui pouvait séduire à La Bellevilloise la veille ne pardonne plus en configuration club. La voix reste très en-dessous du par, et Shuggie a tendance à s’emmêler les pédales (surtout l’Univibe) lorsqu’il décolle en mode solo. Malgré tout, une formation impeccable rattrape les errances de don leader parfois erratique, et c’est dans les parenthèses heavy-funk que la performance décolle réellement.
Ce soir, Shuggie Otis est plus relax. Il blague avec le public (« j’espère que tout le monde ici a 21 ans »), introduit brièvement chaque morceau et présente ses accompagnateurs. Curieusement, les nouveaux titres passent mieux la rampe que les extraits d’Inspiration Information. Si la version extended de « Happy House » dévie rapidement vers une épatante jam cuivrée, « Strawberry Letter #23 » souffre d’un accordage incertain et d’un solo final un tantinet approximatif. Prévus pour avril 2013, les morceaux de Wings Of Love devraient toutefois ravir les complétistes grâce à « Trying To Get Close To You », tournerie monstre entre Sly Stone et Graham Central Station et le morceau-titre, un des sommets de la soirée de samedi malheureusement noyé au Silencio dans le vacarme d’un chorus à rallonge. Shuggie Otis est tellement fidèle à son Epiphone rouge sang qu’il oublie même de l’accorder pendant « Doin What’s Right » ! À minuit, tout est dit. Prochains rappels en 2013.
Setlist
- Inspiration Information
- Aht Uh Mi Head
- Island Letter
- Trying To Get Close To You
- Happy House
- Sweetest Thang (Slow Blues in C)
- Picture of Love (B-flat Shuffle)
- Wings of Love
- Doin What’s Right
- Strawberry Letter #23
- Ice Cold Day Dream
Des prestations faibles dans l’ensemble, visiblement (j’étais à la Bellevilloise). Soit il se rode, soit cette tournée va être un fiasco… j’ai des craintes.
Enfin, sa guitare est une Gibson ES-335 et non une Epiphone.
Son backing band était plutôt bon.
Vocalement, il est à la ramasse. Ça n’enlève rien à son talent de guitariste, aux arrangements soignés, et à tous les grands titres qu’il a pu écrire dans le passé. Il aurait déjà du s’en rendre compte et rectifier le tir en embauchant des choristes au moins pour le soutenir dans les refrains.
Ne soyez pas trop durs les gars ! N’oubliez pas que Shuggie Otis n’est pas monté sur scène depuis un paquet d’années. La Bellevilloise et le Silencio n’étaient que le troisième et quatrième concerts après ceux de Londres. Donc il va aller en s’améliorant, forcément.