Réalisé par Catherine Bernstein et Martine Delumeau (et narré par la voix par Sandra Nkaké), le documentaire Naissance d’un héros noir au cinéma : Sweet Sweetback est actuellement disponible sur Arte.TV
Detroit, le 31 mars 1971. Une foule jeune et noire se presse devant le cinéma Grand Circus, une affluence inhabituelle pour un film indépendant classé X au titre bizarre, Sweet Sweetback’s Baadasssss Song. Ébahi et ravi, le public découvre un héros noir en révolte contre une Amérique raciste. Employé dans une maison close du ghetto de Watts, à Los Angeles, Sweetback a pris la tangente parce qu’il a défendu un Black Panther et assommé les policiers qui l’agressaient. « Le thème du film c’est : vous avez saigné mon père et ma mère, mais vous ne m’aurez pas« , résume posément Melvin Van Peebles. Le réalisateur n’en est pas à son coup d’essai. Après un exil fructueux en France, il est revenu aux États-Unis pour tourner Watermelon Man, comédie narquoise narrant les aventures d’un Blanc qui se réveille dans un corps noir et ne s’en trouve pas plus mal. Une fin progressiste intégrée au montage final au nez et à la barbe des studios.
Avec en main le journal de tournage au titre éponyme de Melvin Van Peebles, ses proches, notamment ses enfants et son petit-fils, en lisent des extraits et témoignent, replongeant dans l’épopée rocambolesque de ce film émancipateur qui remporta un succès phénoménal. Après avoir ouvert la voie à l’éphémère Blaxploitation, à travers une flopée de films à petit budget qui édulcorent son message politique, Sweet Sweetback… fera par la suite des émules plus combatifs (Spike Lee, John Singleton, Ava DuVernay…). Rempli d’archives qui immergent dans l’atmosphère libertaire et explosive des seventies, ce documentaire comporte aussi de nombreuses interviews de Melvin Van Peebles, où, flegmatique et direct, le cinéaste, disparu en 2021, raconte ses déboires, sa débrouille et assène quelques décapantes vérités.
Découvrez ci-dessous Naissance d’un héros noir au cinéma : Sweet Sweetback. A lire également : notre entretien avec Melvin Van Peebles.