Hermétique à toute tendance capillaire ou vestimentaire, Omar ne s’est jamais départi de ses dreadlocks et de ce jean à trous, cauchemar matérialisé du photographe de presse qui aime le soulman en costard impeccable. Musicalement, c’est un peu pareil. En sept albums, Omar ne s’est jamais trop éloigné d’un sillon soul/jazz qu’il creuse toujours un peu plus profondément, parfois avec plus ou moins de sophistication, mais toujours avec raffinement et élégance. The Man ne déroge pas à la règle.
Sourd aux sirènes du tout analogique, sans recherche forcenée d’une patine authentique, puisqu’Omar est authentique. Il est à un point où il a depuis longtemps délimité et affirmé son style et où il a tellement bien assimilé ses influences qu’il ne les ressert plus de manière frontale mais plutôt bien cachées derrière les touches noires et blanches de quelques claviers électriques vintage ou sous formes d’œillades cuivrés ou cordés à la glorieuse soul des 70’s. Dandy british, c’est sans forcer le trait que sa soul veloutée s’accouple à des accents jamaïcains ou des ondulations Brésiliennes, et c’est avec un naturel qui sonne comme une évidence qu’Omar revisite ses propres titres passés au statut de classique, ici l’inoxydable « There’s Nothing Like This » à la ligne de basse stéroïdée par Pino Palladino. Entre deux albums, Omar laisse parfois filer de longues années. Mais, le résultat se classe toujours quelque part entre le très bon et le très très bon.
Max Puissant