À l’instar de Bettye Lavette, sa collègue du label Anti-, Mavis Staples bénéficie depuis près d’une quinzaine d’années d’un formidable regain de carrière. Un second souffle assisté en partie par de valeureux hommes de l’ombre : après Jeff Tweedy, l’âme tourmentée de Wilco responsable des superlatifs You Are Not Alone (2010) et One True Vine (2013), Livin’ a High Note voit l’ancienne chanteuse lead des Staple Singers entourée d’un singulier aréopage de songwriters. Aucune reprise à signaler dans les douze plages d’un album produit par M. Ward, prodige de l’americana et redoutable guitariste blues, mais une suite de compositions originales signées (entre autres) Aloe Blacc, Ben Harper, Bon Iver, Son Little et Nick Cave, auteur d’un somptueux « Jesus Lay Down Beside Me » accompagné par les trémolos électriques chers à Pop Staples.
Entre folk-soul radieuse (« Tomorrow », « History Now » en duo avec Neko Case, le morceau-titre signé Valerie June et le superbe « Dedicated »), uptempos jubilatoires (« Action ») et gospel séculaire avec « One Love », « Love and Trust » et l’émouvante « MLK Song » finale inspirée par l’ultime sermon de Martin Luther King, l’ensemble se définit par une contagieuse énergie positive et, surtout, le timbre ample et riche en fréquences graves de Mavis Staples, précieux point d’ancrage d’une production finement moirée par son excellent backing-band scénique.
Dans le dossier de presse accompagnant la sortie de Livin’ a High Note, la fervente activiste des droits civiques laisse entendre que cet album aux tons biographiques pourrait bien être le dernier de sa carrière. Si tel était le cas, Mavis Staples conclurait sa discographie sur une note des plus hautes.
Jacques Trémolin
Mavis Staples Livin’ on a High Note (Anti-). Disponible en CD, vinyle et version digitale le 19 février.