Après les hommages rendus à Prince et James Brown, il aura fallu attendre le dernier jour du Festival Jazz à la Villette pour découvrir le meilleur tribute de la quinzaine. Steven Bernstein, le leader des iconoclastes Sex Mob, proposait dimanche après-midi à la cité de la musique ses relectures obliques du songbook du génial Sly Stone en compagnie d’un aréopage de choix : John Medeski à l’orgue et les invités vocaux Sandra St Victor (bien connue de la galaxie Princière) et l’excellent Eric Mingus (le fils !) entouraient le Millenial Territory Orchestra, le projet parallèle de Bernstein. Fidèle à ses habitudes, le trompettiste fantasque a su redynamiser avec une sincère vigueur cuivrée les étendards colourblind de « Stand ! », « M’Lady », « You Can’t Make It If You Try », un « Everyday People » revu en blues du bagne et une étonnante revisitation swingante de « Family Affair ». Loin des sentiers balisés des hommages institutionnels à la Great Black Music, le Millenial Territory Orchestra a également joué avec brio la carte du contre-pied en reprenant les moins célébrés « Skin I’m In » (Small Talk, 1974) et, surtout, un sublime « Time », perle noire de l’insurpassable There’s a Riot Goin’On, interprété par un Eric Mingus mi-bluesman rocailleux, mi-fou chantant défiant la gravité.
Un préambule d’excellente tenue à la soirée Afro-Picks de Questlove à La Grande Halle voisine, et un bonus imprévu quand le live-reporter tombe sur le digipack MTO Plays Sly, la version studio du tribute encore inédite dans laquelle figurent (surprise !) Bernie Worrell, Bill Laswell, Vernon Reid, Antony Hegarty, Martha Wainwright et Sandra St. Victor. On en reparle très vite, of course.