Avec le Robert Glasper Experiment en clôture de son Festival All-Stars, le New Morning a conclu son rendez-vous estival sur un nouveau temps fort. Le pianiste jazz/hip-hop et ses trois accompagnateurs arrivent vers 21h45 sur scène pour en redescendre à une heure du matin dans une salle copieusement remplie et surchauffée. À l’écoute des grooves hip-hop de Black Radio Vol.1, on aurait pu s’attendre à retrouver des ambiances similaires. Robert Glasper a surpris le public en faisant de son set un mélange aérien de jazz et de sonorités urbaines. Avec le pianiste, le batteur Mark Colenburg s’impose comme l’autre pilier du groupe, tant par sa virtuosité que par son inspiration. Le saxophoniste/chanteur vocodé Casey Benjamin propose des envolées free tandis qu’à la basse 5-cordes, Derrick Hodge insère un groove d’une grande finesse. Le leader claviériste n’est pas du tout bavard ce soir (malgré l’annonce de la sortie prochaine d’un Black Radio Vol.2 dans le courant de l’année !). Les deux sets représentent l’équivalent de gigantesques medleys aux transitions subtiles et inspirées où se mêlent Radiohead (« Packt Like Sardines in a Crushed Tin Box »), Floetry (« Say Yes »), Sade (« Cherish the Day »), Outkast (« Prototype ») et la déconstruction en deux temps de « Get Lucky » des Daft Punk. Le deuxième set va prendre une couleur inattendue grâce aux doux grooves hypnotiques instaurés par la basse désormais fretless de Derrick Hodge. Les références à Herbie Hancock (« Butterfly ») et à John Coltrane (« A Love Supreme »), mais aussi Nirvana (« Smells like Teen Spirit ») se multiplient, ravissant aussi bien les connaisseurs que les initiés. Pour le plus grand bonheur de tous, la musique de Robert Glasper ne connaît aucune frontière.
Louis Haynes