Funk★U se fraye un chemin dans les coursives du théâtre Romain Rolland de Villejuif à mi-chemin du set de Dee Alexander, chanteuse jazz venue de Chicago pour s’attaquer au catalogue de Jimi Hendrix et de James Brown à l’occasion d’une soirée sold-out du Festival Sons d’hiver. « If 6 Was 9 », « Manic Depression », « Hey Joe », « All Along the Watchtower » et un délicat « Angel » séduisent, puis un « Them Changes » mâtiné du « Sing a Simple Song » de Sly and the Family Stone, confirment que Dee Alexander a privilégié l’alternative groove à l’option swing feutré. Changement de partitions. « Jimi Hendrix… James Brown ! ». Dee Alexander et son ensemble batterie-contrebasse-guitare acoustique-violoncelle réarrangent avec inventivité le répertoire du Godfather lors d’un époustouflant medley où s’entrechoquent « I Got a Feeling », « Superbad », « Living in America », « Licking Stick », « Give it Up or Turnit a Loose » et « It’s the JB’s Monorail ». Aucun cuivre sur scène, mais une étonnante transposition des parties des JB’s Horns rejouées avec une efficacité redoutable au violoncelle. La diva secoue sa tirelire sur « Sex Machine », puis conclut sa prestation généreuse avec un dantesque « It’s a Man’s World » couronné par un standing ovation.
On ne retrouvera pas l’ingéniosité rythmique et le sens du groove chez les têtes d’affiche de la soirée : Le line-up mirobolant de Bernie Worrell (claviers), Nona Hendryx (chant), Blackbyrd McKnight (guitare), Bernard Fowler (chant), Melvin Gibbs (basse), Karl Denson (saxophone) et Sim Caïn (batterie) aligne The Dark Side of the Moon dans son intégralité, des battements de coeur de « Speak to Me » aux choeurs terminaux d’ « Eclipse ». Une re-création linéaire du classique hallucinatoire de Pink Floyd, qui compense son manque de folie funkadélique par une singulière énergie rock. Particulièrement dans son élément, Bernie Worrell, le génial sorcier des claviers P., triture son Moog sur un « On the Run » free et sert une défenestrante introduction de Rhodes à un splendide « Us and Them ». Plus tard, la rare Nona Hendryx s’en tire haut la main en s’attaquant à l’Himalaya vocal de « The Great Gig in the Sky », et les fans de la P-Funk Guitar Army ont également pu savourer les chorus pyrotechniques de BlackByrd McKnight, pour une fois affranchi du mixage chaotique des célébrations Clintoniennes. L’affiche était éclatante, mais hier soir, le funk était là où on ne l’attendait pas.
Setlist
- Speak to Me
- Breathe
- On the Run
- Time
- The Great Gig in the Sky
- Money
- Us and Them
- Any Colour You Like
- Brain Damage
- Eclipse
- Money (reprise)