Que serait une rentrée des classes sans un concert de Larry Graham & Graham Central Station à Paris ? (Bon, ça n’a rien à voir, mais il fallait bien une intro…). Plusieurs semaines avant la sortie du nouvel album Raise Up le 25 octobre et quelques heures après avoir régalé Funk★U d’anecdotes Wonderiennes-Princières tridimensionnelles, la Grande Halle de la Villette accueillait le créateur de la slap bass dans le cadre du festival du même nom.
Au terme de l’énergique introduction afro-funk de l’excellent Anthony Joseph accompagné de son Spasm Band, une setlist remaniée en dernière minute donne un parfum Slystonien à la soirée : pas de « Release Yourself », de « Love and Happiness » ni de « I Believe In You », écartée du répertoire à l’ultime malgré la request matinale de Funk★U. En revanche, un « Thank You For Talkin’ To Me Africa » extirpé des entrailles poisseuses de Riot, un émouvant medley Sly 66-73 (featuring un bassiste téméraire venu de la fosse et Gary Mudbone Cooper sur « If You Want Me To Stay ») et une paire de nouveautés de Raise Up, dont son morceau-titre et l’introduction en fanfare de « Throwin’ Down The Funk », ont ponctué deux heures d’un show mené de pouce de maître par l’ancien bassiste de la Famille Pierrafeu du funk.
Ce troisième concert parisien de Larry Graham & Graham Central Station en trois ans était le meilleur des trois, et personne ne trouve à redire sur les irréductibles « The Jam », « It Ain’t No Fun To Me », le mash-up Zapp/GCS de « Now Do U Want Ta Dance » ou l’inépuisable « I Want To Take You Higher » en rappels. La scie a beau avoir l’air rouillée, elle coupe toujours le bois.
- Intro/Throwing Down The Funk
- We’ve Been Waiting
- It’ Ain’t No Fun To Me
- It’s Alright
- Raise Up
- I Can’t Stand The Rain
- Thank You For Talkin’ To Me Africa
- Higher Ground
- Bass Solo
- Family Affair/Hot Fun In The Summertime/If You Want Me To Stay/Dance To The Music
- The Jam
- Thank You Fallentinme Be Mice Elf Agin
- No Do U Want Ta Dance
- I Want To Take You Higher
Je serai personnellement plus sévère, ayant trouvé que ce concert concédait tout au commercial avec un sens de l’entertainment amoindri par une vocaliste qui semble venue de la pop anglaise (une technique « m’as-tu vue » sans le timbre, des exercices gymnastiques de glotte épouvantables) et un clavier tentant péniblement de se substituer aux cuivres absents.
Le pire, et c’était prévisible, était de faire monter le public : plutôt qu’une célébration de la musique, on a eu droit à des post-adolescents venus miauler comme James Blunt ou Adele, un bassiste émule venu se faire photographier. Tous semblant attendre leur quart d’heure de gloire radio-crochet.
Larry, sans surprise aucune, pique allègrement dans Sly post-1972 et nous invite à acheter ses t-shirts.
Moi qui voulait un sandwich crudités-oeuf, ce fut une belle fête de la saucisse.
Au moins Solomon Burke en vendait dans ses tournées !
C’est sûr que les cuivres au synthé, c’est déjà le hors sujet avant même d’avoir joué la première note. Je ne comprendrai jamais, m’enfin…
Larry Graham utilise les cuivres synthés en live depuis 95, ce n’est pas une nouveauté.
A vous lire, j’ai l’impression que vous étiez déçu avant même que le concert ne commence. Peut-être aurait-il mieux fallut s’abstenir…
Ayant écouté des extraits de son nouvel album je savais pertinemment que la nouveauté ne serait pas le maître mot de la soirée mais je n’y suis pas allé pour ça, et j’ai personnellement beaucoup apprécié le concert.
Je suis par contre tout à fait d’accord sur la vocaliste, vraiment trop omniprésente (elle en fait vraiment des tonnes). Et j’ai trouvé que de nous inciter à acheter leurs t-shirts en plein concert n’était pas très judicieux…
Mais ce fut quand même un très bon concert (pour ma part en tout cas!).
Merci pour la précision. J’apportais juste une réflexion personnelle sur, parfois, la trop grande « facilité » (paresse ?) qu’ont certains artistes funk, soul pour substituer des cuivres par un clavier. Raison de cout évidemment mais c’est pour moi contre-productif et même à l’opposé de l’ADN sauvage et rugueux de ce genre musical.
Extrait d’une interview de Larry Graham par Funk-U en 2010 :
Pas de cuivres sur cette tournée ?
« Non, mais nous sommes flexibles. Les cuivres peuvent arriver dans le groupe d’un instant à l’autre, il n’y a pas de formule établie. Jimmy, notre clavier, a adapté quelques arrangements pour la scène et j’en suis très heureux. Il sait aussi jouer des cuivres, et son approche des claviers est identique. Il pense comme un saxophoniste. »
En tous les cas, Anthony Joseph et Larry Graham sur une même scène à quelques minutes d’intervalle, sacrée quantité de groove au mètre carré !