Live And Let Die, les 50 ans d’une BO culte (et funky)

A l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de Live And Let Die (Vivre et laisser mourir en VF), le label La La Land Records réédite en version deluxe sa BO culte signée George Martin. Disponible le 18 janvier en édition 2-CDs, Live And Let Die – 50th Anniversary: Expanded/Remastered Limited Edition contient un disque bonus offrant un nouveau remaster de la bande-son originale et des prises extended et alternatives inédites.

« On ne boit pas plus un Dom Pérignon tiède qu’on n’écoute les Beatles sans boules Quiès » déclarait perfidement Sean Connery dans Goldfinger, en 1964. James Bond était-il réactionnaire en termes de musique de jeunes ? Neuf ans plus tard, Sean Connery a passé la main et le nouveau visage de Bond est celui de Roger Moore, un acteur TV auréolé pour ses performances dans les séries Ivanhoé et Le Saint. John Barry, qui assurait les bandes-son de la saga depuis Bons baisers de Russie (1963), est retenu par sa comédie musicale Billy et ne peut assurer la partition de Vivre et laisser mourir, la huitième aventure de 007 au grand écran. Par l’intermédiaire de Ron Kass, ancien cadre du label Apple Records, la production fait appel à Paul McCartney, chargé de composer la chanson-titre du long-métrage. McCartney lit le roman d’Ian Fleming en un week-end et délivre dans la foulée le fulgurant « Live And Let Die », Il contacte ensuite George Martin, producteur/arrangeur célèbre pour avoir largement contribué à l’épanouissement musical des Beatles, pour enregistrer le titre en compagnie des Wings et d’un orchestre de 55 musiciens.

Pour la première fois, James Bond embrasse ouvertement l’univers de la pop music avec « Live And Let Die », un des titres les plus emblématiques de la carrière post-Beatles de Paul McCartney. Entrecoupée par un pont reggae co-composée par son épouse Linda, la chanson, qui sera plus tard reprise au générique de l’émission politique L’heure de vérité, est un fascinant composite du talent mélodique de McCartney et des thèmes orchestraux de John Barry. Célèbre anecdote : en découvrant « Live And Let Die », le producteur Harry Saltzman lance à George Martin : « Pas mal du tout. A votre avis, qui devrait chanter la version finale ? Thelma Houston ? ».

Vivre et laisser mourir promène son casting entre les rues de Harlem, le quartier français de la Nouvelle-Orléans et la Jamaïque, lieu de morbides cérémonies vaudoues. George Martin, engagé pour signer la BO grâce à son travail sur « Live And Let Die », puise dans le funk urbain pour composer une bande originale fortement imprégnée de l’esprit blaxploitation. Dans « Whisper Who Dares », le « James Bond Theme » de Monty Norman est pimpé par des guitares wah-wah et des percussions détonantes qui n’auraient pas déparé sur la BO de Super Fly. Sommet méconnu de la bande originale, « Fillet Of Soul-New Orleans/Live And Let Die » est une reprise heavy-funk de la chanson des époux McCartney interprétée par B.J. Arnau. On entend aussi du jazz Louisianais (« Just A Closer Walk With Thee/New Second Line » par l’Olympia Brass Band) et de la musique afro-cubaine (« Snakes Alive », « San Monique ») dans le score le plus dynamique de la série. Le succès de Vivre et laisser mourir au box-office allait permettre à l’espion d’aborder sereinement la nouvelle décennie. En parallèle, la bande-son soul/funk/jazz/afro-caribéenne de George Martin introduisait un personnage en phase avec la pop culture de son époque : James Bond n’avait pas seulement appris à aimer les Beatles, il venait aussi de découvrir le groove.