Lianne La Havas est de retour après cinq ans d’absence. Quelques jours après la sortie de son troisième album auto-titré, la singer-songwriter donne de ses nouvelles à Funk★U depuis son domicile londonien.
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Funk★U : En 2016, lors de votre dernier concert parisien, vous aviez annoncé que de nouvelles chansons étaient prêtes pour un prochain album. Que s’est-il passé au cours de ces dernières années ?
Lianne La Havas : En effet, plusieurs titres de ce nouvel album avaient déjà été écrits au cours de cette période, dont « Paper Thin ». J’avais aussi enregistré quelques instrumentaux à cette époque, mais les paroles ont réellement été écrites il y a deux ans environ car j’ai été victime d’une panne d’inspiration pendant plusieurs mois. J’avais des idées en tête, mais, une fois en studio, je n’arrivai pas à terminer un morceau, comme si j’étais victime d’un blocage. Heureusement, le fait de remonter sur scène l’an dernier m’a considérablement remotivée, entre autres choses. J’ai pu entendre à nouveau des mélodies, retrouver l’inspiration, et c’est de cette manière que j’ai pu terminer cet album.
Ces chansons forment un tout en racontant un cycle amoureux. Peut-on parler de concept-album ?
Je pense que oui, car dès le départ, j’avais une idée précise en tête : je savais que je voulais intituler cet album Lianne La Havas et qu’il devait comporter dix titres. Je voulais raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin. Ces chansons sont très personnelles, et la musique traduit les divers sentiments que j’ai pu éprouver au cours de ces dernières années. « Bittersweet » introduit cette histoire, comme une sorte de bande-annonce, puis cette histoire débute avec « Read My Mind », qui raconte une rencontre amoureuse. « Weird Fishes » en est ensuite le milieu, puis « Sour Flower » la fin, comme une libération…
La production de cet album, où votre groupe est très présent, marque une évolution dans votre musique. Cette nouvelle direction est-elle délibérée ?
Oui, totalement. C’était un souhait. Pour la première fois, mon groupe a été très impliqué dans le processus créatif. Du coup, le résultat sonne plus live que d’habitude. Sur mes deux précédents albums, j’avais également fait appel à de nombreux intervenants extérieurs, alors que celui a été principalement réalisé avec deux co-producteurs (Beni Giles et Mura Masa, ndr.).
Contrairement à vos précédents enregistrements, la guitare semble moins au centre de la production.
Je ne suis pas tout à fait d’accord : ces nouvelles chansons sont principalement basées sur mon jeu de guitare et ma voix. Et encore plus que je ne l’aurais souhaité sur mes deux précédents albums, à mon avis…
Lianne La Havas comporte une reprise, « Weird Fishes » de Radiohead. Pourquoi avoir choisi ce titre en particulier ?
Radiohead est un de mes groupes préférés et j’adore cette chanson de leur album In Rainbows, un disque superbe et très mélodique. La suite d’accords de « Weird Fishes » est aussi très belle. Avec mon ancien groupe de scène, nous avions l’habitude de la reprendre de manière très libre, juste pour le fun, et c’était aussi particulièrement excitant de travailler sur une chanson que je n’avais pas écrite. J’ai décidé de l’enregistrer avec mon nouveau groupe, en respectant plus l’intention originale et j’adore le nouvel arrangement que nous avons créé.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Pour commencer, je vais prendre des vacances dans le Sud de la France, où je fêterais mon anniversaire au mois d’août. Ce séjour sera aussi l’occasion de retrouver mes amis et ma famille après ces longs mois de confinement. Ensuite, je vais recommencer à écrire et à composer, tout en espérant pouvoir bientôt remonter sur scène. Mes fans français me manquent, j’espère aussi en accueillir de nouveaux qui découvriront ma musique grâce à ce nouvel album… J’ai presque envie de m’excuser d’avoir passé autant de temps entre celui-ci et le précédent, mais cette fois, je suis vraiment de retour.
Propos recueillis par Christophe Geudin
Lianne La Havas Lianne La Havas (Warner Records). Disponible.