Christian Berishaj, alias JMSN, s’était déjà fait remarquer l’an dernier avec le R&B orchestral classieux d’It Is. Whatever Makes U Happy, son quatrième album, s’élève à un niveau encore supérieur en conjuguant les grooves minimalistes du producteur et multi-instrumentiste à un cycle de compositions hautement personnelles. Dès « Drinkin », une ouverture confessionnelle facilement enchaînable au « Untitled » de D’Angelo sur vos playlists killer soul ballads, JMSN introduit son funk bluesy et flottant basé sur des programmations squelettiques et des choeurs gospel multitrackés.
En 36 minutes resserrées, le krishna des consoles – voir pochette – cultive ses marottes en alignant un strike de mid-tempos convoquant les esprits de Prince (« Love Ain’t Enough » et le moite « Slowly »), Sly Stone (« Always Somethin' » et sa basse baladeuse échappée de Fresh) et Stevie Wonder. Ce dernier aura même le droit d’écouter sa meilleure chanson depuis 197x (complétez le chiffre manquant) en découvrant « Slide », une somptueuse ballade en lévitation devant beaucoup à « Pastime Paradise ».
On trouve aussi dans Whatever Makes U Happy un renversant paranofunk (« Angel » et ses montées de Moogs anxiogènes) et une paire d’introspections défenestrantes – « Where Do U Go » et le grand final piano de « Patiently »). À noter également qu’à l’instar des disques des idoles citées plus haut, cet album est entièrement chanté, joué, arrangé et autoproduit par JMSN. L’avenir du genre en quatre lettres ?
Jacques Trémolin
JMSN Whatever Makes U Happy (White Room/XL/Beggars). Disponible le 28 avril en CD, vinyle et version digitale. Dates françaises annoncées prochainement dans ces pages.