Quelques heures avant son concert au New Morning, Nicole Willis nous accueille en loges pour nous raconter son parcours de Brooklyn à Helsinki, son expérience avec Curtis Mayfield et le processus créatif de son dernier album Happiness in Every Style.
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Funk★U : Vous êtes née à Brooklyn et vous vivez aujourd’hui à Helsinki. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Nicole Willis : Quand j’étais jeune, je voulais voyager. La toute première fois que j’ai mis mes pieds dans un avion, j’avais vingt ans. Je suis allé en Angleterre pour la première fois en 1984, pendant un an et demi, pour faire de la musique. Une fois sur place, j’ai visité quelques capitales européennes avant de revenir à New York. Après plusieurs projets en Europe, je me suis définitivement installée à Helsinki, en 2004. Je vous avoue que je ne parle toujours pas un piètre mot de Finlandais (rires).
Vous avez travaillé avec Curtis Mayfield, les Brand New Heavies ou encore Dee-Lite. Qu’avez-vous retenu de ces expériences ?
En fait, j’ai travaillé avec une partie de la formation des Brand New Heavies avant même qu’ils ne se forment. Avec Dee-Lite et Curtis Mayfield, j’ai appris à écrire des chansons, trouver des toplines et mettre en place des textes cohérents. Ils m’ont appris à être moi-même et d’avoir moins la frousse. Je me suis également constituée un réseau. Avec Curtis, on ne s’est vu que quelques heures sur le tournage du clip de « Let’s Do it Again » avec les Repercussions, dans le cadre de son tribute paru en 1994. J’avais enregistré mes parties vocales à Brooklyn, et lui avait fait ses productions et ses parties de voix dans son home-studio.
Le public avait attendu sept ans votre précédent album Tortured Soul et trois pour découvrir Happiness in Every Style. Quel a été le processus créatif de ce nouvel album ?
Entre les deux précédents albums, j’avais pris du temps pour moi. J’ai fait une coupure pour retourner sur les bancs de la fac étudier l’histoire de l’art et acquérir un Master. Cette fois-ci, il m’a fallu trois ans. Ca a été plus rapide, car j’avais rapidement atteint mon but. On s’est beaucoup vu avec mon groupe, les Soul Investigators, pendant deux ans en studio, à faire et défaire, jammer, faire tourner des thèmes et trouver des mélodies et des textes accrocheurs. On a commencé à obtenir des démos très abouties à la fin de l’année 2014, puis on est entré en mix en janvier 2015. Sur cet album, on a beaucoup travaillé sur le mix pour avoir un son encore plus personnel, à la fois old-school et actuel. Cela nous a pris presque trois mois.
Pourquoi avez-vous décidé d’intituler cet album Happiness in Every Style et quelles étaient vos influences sur cet album ?
J’ai choisi le titre d’Happiness in Every Style parce que cet album respire la joie, la communication entre les hommes. L’influence principale a été notre propre énergie en studio.
Quel album sorti en 2015 avez-vous le plus écouté ?
Je n’écoute pas beaucoup de musique vous savez. A part en voiture avec mes enfants, des trucs très pop, très actuels. Pour être franche, ça doit être le dernier Major Lazer… On est bien loin de ce que je chante (rires !).
Vous sentez-vous partie prenante du revival soul ou plutôt comme une extension du courant soul des années 1960.
On a été inclus dans ce courant dit « Revival » soul. Je n’aime pas trop cette dénomination, c’est comme s’il n’y avait pas eu de soul entre 1968 et 2006, cela n’a pas de sens. Nous faisons de la soul, point final !
Propos recueillis par Jim Zelechowski
Nicole Willis and the Soul Investigators Happiness in Every Style (Timmion Records/Differ-Ant). Disponible.
Photo d’ouverture : Jimi Tenor.