Disponible le 25 avril en exclusivité sur www.funku.fr, le livre Prince Live 1979-1980 : The First Tour comprend des photos rares et inédites de la première tournée de Prince prises le 1er décembre 1979 au Houston Palace et le 24 février 1980 au Sam Houston Coliseum. Cet ouvrage contient également des interviews et des propos exclusifs émanant des membres du groupe témoins de cette expérience.
Voici l’entretien intégral qu’Andre Cymone a donné à Funk★U. Dans cette interview, le bassiste du premier groupe de scène de Prince évoque ses souvenirs personnels du Prince tour, ses rapports avec Rick James et ses fameux pantalons en plastique !
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Funk★U : Le Prince tour en 1979 était-il votre première expérience de tournée ?
Andre Cymone : Oui… Au début, c’était très étrange de se réveiller et de regarder le paysage par la fenêtre sans savoir où on se trouvait. Au bout d’un moment, j’ai fini par y arriver. Par contre, je ne m’étais pas préparé à recevoir autant d’enthousiasme, de support et d’amour sur cette première tournée. Je ne me suis jamais vraiment habitué à tout ça…
Aviez-vous beaucoup répété avant de monter sur scène ? Prince était-il déjà très exigeant sur le niveau de performance de son groupe ?
Nous avions énormément répété. Dès la création du groupe, nous avions déjà une très solide éthique de travail et j’y adhérais à fond. Personnellement, je crois que je n’aurais jamais fait partie d’un groupe sans la moindre éthique de travail, car c’est ça qui vous distingue des autres.
Quel était le répertoire de cette première tournée ? Vous souvenez-vous de titres répétés mais pas joués sur scène sur cette tournée ?
Nous faisions surtout la promotion de l’album Prince qui venait de sortir. Nous n’avions pas fait de tournée après la sortie de For You et, du coup, nous n’avons pas joué beaucoup de titres du premier album. Nous en avions quand même répété quelques-unes, dont « Soft and Wet », « Just As Long As We’re Together » et, il me semble, « I’m yours ». Nous avions aussi composé une intro qui donnait une idée de ce qui allait suivre, mais ça dépendait du temps que nous avions en tant que première partie d’autres groupes ou simplement en tête d’affiche.
À quoi ressemblait le public ? Comment réagissaient-ils lors de vos concerts ?
Au début, c’était dur car le public n’était pas venu pour nous. Les deux ou trois premières chansons étaient difficiles, mais après la troisième ou la quatrième, tout changeait. C’était génial de renverser la salle et de voir le public passer de la haine à l’amour, du « c’est quoi ce truc ? » négatif au « c’est quoi ce truc ? » positif. C’est ce qui rendait ces concerts si magiques et excitants.
Comment avez-vous choisi votre tenue de scène ? Vos pantalons en plastique sont épatants !
(Rires) J’ai toujours adoré la mode. À l’époque, ma soeur étudiait la mode européenne, ses magazines traînaient dans toute la maison et c’était une grande influence. C’est elle qui avait fabriqué le célèbre trench coat, les tissus imprimés et les vestes et pantalons panthère que Prince portait à l’époque.
J’ai trouvé mes pantalons de plastique transparent dans un magasin de George Town et j’ai acheté tous ceux qui étaient à ma taille. À New York, dans le quartier de Soho, il y avait aussi une boutique que j’aimais beaucoup et qui s’appelait Trash in Vaudeville. J’ai acheté pas mal de choses dans cette boutique. J’avais également l’habitude feuilleter des magazines de mode et dès que je voyais quelque chose qui me plaisait, j’imaginais ce que ça pourrait donner sur moi. Je découpais des photos que je le montrais à Prince puis à ma soeur qui me le fabriquait ensuite sur mesure.
La provocation était-elle un ingrédient de vos performances ?
Totalement ! Nous essayions différentes choses et quand elles marchaient, on poussait à fond pour essayer d’atteindre l’extrême limite. Nos vêtements, nos coupes de cheveux et notre attitude sexuelle provocante étaient des choses naturelles pour Prince, moi-même et Dez je pense. Nous étions des frontmen et ça faisait totalement partie de l’entertainment.
Vous avez effectué la première partie de Rick James sur cette tournée. Quels types de rapports entreteniez-vous avec lui ? Prince a raconté plus tard que Rick James avait été plutôt condescendant à son égard…
Il y avait quelques rapports avec Rick James, mais nous étions très concentrés sur la compétition professionnelle et monter sur scène aux côtés d’autres groupes était considéré comme un challenge. Nous n’avons jamais perdu une seule bataille des groupes. Du coup, je crois qu’ils nous trouvaient arrogants. On ne traînait pas trop avec les autres, et Rick et moi sommes partis d’un mauvais pied lors de notre première rencontre. Rick avait pointé son love gun vers moi, j’ai pété un plomb et Prince a dû me calmer. Il y a d’autres petits incidents au cours de la tournée, mais les choses ont fini par s’arranger et les dernières dates ont été énormes. J’ai pu enfin apprendre connaître Rick et à l’apprécier en tant qu’artiste.
Instant Funk, Kleer et Twennynine featuring Lenny White faisaient aussi des premières parties sur cette tournée. Vous souvenez-vous de ces groupes ?
Twenntynine était mon groupe préféré, j’adorais ces types, des musiciens sensationnels et des types vraiment bien. Je ne me souviens pas précisément de leurs performances mais par contre, je me souviens qu’on s’amusait beaucoup. Un soir, après le concert, le bus de tournée de Rick James était garé sous la fenêtre de leur chambre d’hôtel. Un des membres du groupe dont je tairai le nom a rempli un tas de bombes à eau t les a lâché sur le bus de Rick. Le lendemain, Rick et son groupe m’ont accusé, mais c’était trop drôle de voir ces types faire une montagne d’un aussi petit incident.
Avez-vous d’autres anecdotes sur cette tournée ?
On se faisait harceler par les fans presque tous les soirs, surtout moi car j’avais l’habitude d’aller me balader après les shows. À l’époque, il n’y avait pas vraiment de gardes du corps autour de nous et l’incident qui me reste en mémoire est le soir ou notre caravane avait failli être renversée par les fans qui essayaient d’entrer ou de nous faire sortir. On a réussi à s’en tirer, mais six ou sept voitures ont commencé à nous suivre. Ils étaient très motivés (rires) ! Notre tour manager a sauté de notre limousine et a plongé sur une des voitures, qui continuait à rouler pendant qu’il s’accrochait au pare-brise. Ils ont fini par freiner sec et il a été éjecté. Je croyais que c’était fini pour lui, mais tout allait bien. Il est remonté dans la limo et on est partis…
Quel souvenir gardez-vous de cette première tournée avec Prince ?
Il n’y a pas de mots pour décrire le début de la réalisation d’un rêve. tellement de choses arrivaient pour la première fois : les hôtels, le room service, rencontrer tant de magnifiques personnes, se sentir aimé pour ce quoi nous avions travaillé pendant tant d’années et tant de faux-départs et d’échecs enfin récompensés. Ce qui me marque toujours autant, ce sont les visages des fans tellement heureux de nous voir et de nous écouter jouer quelque chose qui ne ressemblait à rien de ce que faisaient les autres et nous faire comprendre que nous le faisions bien.
Propos recueillis par Christophe Geudin
Prince Live 1979-1980 : The First Tour. Livre collector limité exclusivement disponible sur www.funku.fr. 1969, le nouvel album d’Andre Cymone, paraîtra en Europe le 30 juin sur le label Leopard, une division de Jazzline / Delta.