Dans un Cabaret sauvage qu’on aura connu plus rempli, le récit d’une date épique au Festival des cinq continents de Marseille quelques jours plus tôt parcourt une partie de l’assemblée : 16 heures de route depuis la Slovénie, une arrivée sur la Canebière cinq minutes avant le début du show, pas de balances, puis un concert d’anthologie achevé aux petites heures du matin… Peu après 21 heures, George Clinton, jeune marié de 73 ans, et son armada P-Funk pénètrent sans cérémonie sur la scène étroite du chapiteau du Parc de la Villette, mais avec un double-whammy sous le canotier : une full version de « Mothership Connection (Star Child) » où brille Steve Boyd, suivi du rarement entendu « Aquaboogie ».
Des surprises, il y en aura d’autres, tant du point de vue de la setlist (le « Vanish in Our Sleep » de Bootsy interprété par Tonysha Nelson et Patavian Lewis, les petites filles de George Clinton, un vigoureux « Up for the Downstroke » virant au medley dingo, un savoureux « (I Wanna) Testify » apprécié à juste titre par le rédacteur en chef aux lunettes noires de Rock& Folk) que de la forme olympique d’un leader charismatique -George Clinton serait-il le Benjamin Button du funk ?- et de son gang rajeuni. Oubliés, les sets léthargiques de la fin des années 1990, les versions d’une semaine de « (Not Just) Knee Deep » et les fréquents passages à vide du Dr. Funkenstein. Le resserrage des boulons du Mothership opéré depuis 2008 porte ses fruits, et le Parliament/Funkadelic des années 00 constitue à nouveau une irrépressible machine à funk.
Mais tout ceci a aussi un prix : l’aspect freaky et déstructuré propre au P-Funk laisse de plus en plus place à une rigueur des plus professionnelles. Un peu plus d’énergie, mais peut-être moins de folie. Au terme d’un « One Nation Under a Groove » introduit downtempo par Garrett Shider (le fils), puis conclu par un détonant bass medley en mode Casper du prolixe Jeff « Cherokee » Bunn et d’un « Atomic Dog » qu’on croit final, Michael Hampton vient jouer quelques mesures de « Maggot Brain », puis auto-sabote sa prestation, le couvre-feu de 23 heures ayant été dépassé au bout de 120 minutes. P-Funkus interruptus ?
Setlist
- Mothership Connection (Star Child)
- Aquaboogie
- P. Funk (Wants to Get Funked Up)
- Flashlight
- Vanish in Our Sleep
- (I Wanna) Testify
- Up for the Downstroke/Cookie Jar/Ain’t That Loving You ?/Pass the Peas
- Bounce to This
- Give Up the Funk (Tear the Roof off the Sucker)
- Night of the Thumpasorus Peoples
- One Nation Under a Groove
- Atomic Dog
- Maggot Brain (aborted)
A noter aussi dans la version de Up For The Down Stroke l’intégration de Cookie Jar, un titre de Fuzzy Haskins et dont Prince a fait une version studio (out-take) en 1988.
Sinon j’adore le Cabaret Sauvage, mais comment imaginer programmer George Clinton dans un lieu où le couvre-feu est à 23h ? Qui plus est avec une première partie. Alors que l’on sait que le maître du funk peut jouer bien plus que deux heures, même s’il est vrai que les performances se sont resserrées (avec bonheur, effectivement) ces dernières années.
Excellent concert, j’ai vraiment adoré cette première heure quasi exclusivement Parliament.
Mais quid d’Hampton ? Déjà l’an dernier, sur les 3 concerts du Mothership que j’ai faits, je l’avais trouvé en retrait mais là… il jouait à peine pendant les rares minutes qu’il aura passées sur scène et que dire de Maggot Brain ? Est-ce vraiment à cause du couvre-feu ? Les autres avaient l’air partis pour jouer… j’espère qu’il est pas en train de se mourir, ce bon vieux Michael. Si quelqu’un pouvait apaiser mes craintes, je lui en serais reconnaissant !
Et sinon, vu comme la setlist se présentait, j’avais l’impression qu’ils étaient partis pour un concert de 3h. Fucking couvre-feu !