Ce 3 avril ne restera pas comme un Lovely Day : Bill Withers, un des derniers géants de la soul, s’est éteint à l’âge de 81 ans.
Victime d’une maladie cardiaque, le natif de Slab Fork (Virginie Occidentale) est l’auteur d’un nombre incalculable de classiques du genre, dont « Lean On Me », « Use Me », « Who Is He and What Is He to You ? », « Grandma’s Hands », « Just the Two of Us » (avec Grover Washington, Jr.) et « Ain’t No Sunshine ». En 2011, Booker T. Jones, le producteur de son premier album Just As I Am paru en 1971, nous racontait la genèse de ce standard :
« Je n’ai pas découvert Bill Withers, on me l’a amené sur un plateau ! », s’étonnait encore l’organiste de Booker T. & the MG’s. « À l’époque, je vivais dans un ranch à Malibu et Bill est venu chez moi en apportant avec lui un énorme carnet à spirales qui contenait toutes ses chansons. « Ain’t No Sunshine » était sur la première page. Il m’a chanté 15 ou 16 chansons sans faire de pause, et dès qu’il s’est arrêté, je me suis précipité vers le téléphone pour trouver un studio. Bill ne savait même pas que c’est lui qui allait chanter ses propres morceaux. Il ne voulait pas chanter. Le studio était prêt, les musiciens étaient là et les bandes s’apprêtaient à tourner quand il s’est adressé à moi : « OK, parfait, mais ou est le chanteur ? » (rires). Je lui ai répondu : « Bill, c’est toi le chanteur ! ». Il a finalement pris le micro, mais il y a eu un autre incident au cours de la séance : juste après la prise d’ »Ain’t No Sunshine », il se tourne vers moi et demande de faire une nouvelle prise de la chanson. Il n’y avait rien à jeter, mais Bill pensait qu’il avait eu tort de répéter si longtemps « I know, I know, I know… » pendant l’ad-lib. Or, c’était la meilleure partie de la chanson, c’était le hook ! ».
« Je n’ai plus trop de nouvelles de Bill. On m’a dit qu’il avait fait de bonnes affaires dans l’immobilier… », avait conclu Booker T. Jones. Retraité de longue date de la scène musicale (survolant 14 petites années, sa discographie albums prend fin en 1985 avec Watching You Watching Me), Bill Withers était apparu ces dernières années dans l’excellent documentaire Still Bill (2009), et avait l’objet d’un somptueux hommage au Carnegie Hall de New York en 2015.
Bye-bye, Bill Withers…