Interview

Cymande : « notre musique a fini par être reconnue »

Renascence, le nouvel album studio de Cymande, renoue avec les meilleurs LPs du légendaire groupe funk britannique. « Il fallait conserver l’essence de Cymande », expliquent à FunkU ses membres originaux Steve Scipio (basse) et le guitariste Patrick Patterson.

FunkU : Cymande est de retour sur scène depuis dix ans. Pourquoi avoir attendu 2025 pour sortir Renascence, votre nouvel album studio ? 

Steve Scipio : tout arrive à point nommé : Cymande a recommencé à tourner en 2015, et l’intérêt pour le groupe n’a fait que grandir depuis, notamment grâce aux concerts et récemment la sortie du documentaire (Gettin’ it back: The Story of Cymanderéalisé par Tim Mackenzie-Smith et sorti en 2024, ndr.), et c’était donc le bon moment pour enregistrer un nouvel album.

Au-delà de son titre, Renascence marque-t-il la renaissance de Cymande ?

Steve Scipio : oui, car cette idée correspond avec la nouvelle phase dans laquelle le groupe est en train d’entrer. Nous avons aussi choisi d’intituler cet album avec l’épellation anglaise de ce mot, car Renaissance, en français, avait déjà été pris par Beyoncé !   

Dans ce nouvel album, on retrouve le son classique du Cymande des années 1970 agrémenté d’une touche contemporaine. Comment êtes-vous parvenus à cet équilibre ?

Patrick Patterson : presque toutes les chansons de Renascence sont récentes, et nous disposions également de titres composés dans les années 1970 et lors des dix-quinze dernières années. La première étape a consisté à réécouter toutes ces chansons puis de choisir les meilleures avant de démarrer l’enregistrement. Ensuite, nous nous sommes mis à la recherche du producteur idéal. Nous avons hésité entre plusieurs personnes avant de choisir Ben Baptie. Il a su apporter des idées pour parvenir à obtenir le son ce que nous recherchions et à faire avancer le projet. Ce processus n’a pas été simple et il a été long, car il a aussi fallu trouver de nouveaux musiciens pour nous accompagner et donner vie à ces chansons. Certains choix ont été difficiles, car il fallait rester consistants. Au final, on retrouve le son classique du Cymande des années 1970, mais aussi quelques éléments plus contemporains.

Steve Scipio : ce processus était difficile, car cinquante ans se sont écoulés depuis Promised Heights, notre dernier album des années 1970. Il fallait se reconnecter avec le son de Cymande, tout en n’essayant pas de reproduire à l’identique notre son des années 1970. Nous sommes en 2025, et beaucoup de choses se sont également passées à l’intérieur du groupe. Chacun est parti dans des directions différentes et nous avons voulu refléter cette évolution dans Renascence, tout en conservant l’essence de Cymande.   

Dans Renascence, l’orchestre joue également un rôle important dans les arrangements. Est-ce une nouveauté pour Cymande ?

Patrick Patterson : dans un sens, oui, même si « One More », dans notre premier album, comprenait déjà des parties orchestrales. Chris Cameron, qui a arrangé les cordes de Renascence, avait également déjà travaillé avec nous dans les années 1980, et il a fait un travail remarquable sur ce nouvel album.   

La chanteuse Celeste et Jazzie B, le DJ-producteur de Soul II Soul, font partie des invités de cet album. Comment les avez-vous choisi ?

Patrick Patterson : ce sont eux qui nous ont choisi ! Nous avons rencontré Celeste aux Etats-Unis l’an dernier. Nous avons discuté et nous avons écrit « Only One Way » ensemble avant de l’enregistrer à Londres. Dans le cas de Jazzie B., La structure de « How We Roll «  demandait un monologue et nous connaissons bien Jazzie, avec qui nous avions déjà travaillé il y a quelques années. Il connaissait aussi notre musique depuis longtemps, comme on le voit dans le documentaire.  

En avril dernier, vous avez donné un concert éblouissant à Paris, au Trianon. Vous reverra-t-on sur scène en France cette année ?

Patrick Patterson : oui, c’est prévu en 2025 (à Paris, La Cigale, le 14 octobre, ndr.) !  

Patrick Patterson : nous entretenons un lien très fort avec la France depuis que MC Solaar a samplé « The Message » dans « Bouge de là ». Nous avons même joué cette chanson sur scène ensemble à Paris, au Bataclan, en 2017. 

Plus de cinquante ans après la formation de Cymande, vous continuez à enregistrer et à donner des concerts à travers le monde alors que le groupe avait virtuellement disparu dans les années 1980 et 1990. Vous estimez-vous chanceux ?

Steve Scipio : la chance joue certainement un rôle, car si les artistes hip-hop ne nous avaient pas samplé dans les années 1990, nous ne serions peut-être pas là aujourd’hui. Mais cette chance ne signifie pas que nous ne le méritons pas, car nous avons travaillé dur pendant près de cinquante ans, et si nos premiers albums n’avaient pas été reconnus, ces jeunes artistes ne nous auraient sans doute jamais entendus.

Patrick Patterson : la chance a peut-être joué un rôle dans nos rencontres, nos associations, comme celle avec Celeste. Toutes ces choses contribuent à ce que nous avons accompli depuis la création du groupe.

Patrick Patterson : cette seconde chance qui nous est accordée est peut-être la reconnaissance de ce que nous avions accompli dans les années 1970. Malgré l’absence de soutien de l’industrie du disque britannique de l’époque, notre musique a fini par être reconnue, mais le plus important, c’est qu’elle le soit encore aujourd’hui. 

Propos recueillis par Christophe Geudin

Cymande Renascence (BMG). Disponible le 31 janvier. Concert unique à Paris (La Cigale) le 14 octobre. Prévente le 5 février à 11h. Mise en vente générale le 7 février à 11h.