La tentation-piège trop souvent observée chez les groupes postés sur le créneau soul-funk vintage est de vouloir envoyer comme dix dans le micro, de survitaminer les rythmiques, de vouloir faire ressortir le poumon par l’autre côté du saxo, bref : d’en faire trop, pensant certainement que c’est là une des clés pour sonner authentique. Les Doux Vandals espagnols ont eux bien compris que la réussite tenait surtout à deux choses : des titres bien écrits et une production bien maitrisée. Tout ça évidemment capté en analogique, sinon pas de label roots qui tienne et avec, si possible, quelques sorties hors du cadre dans lequel on les attend compte tenu qu’il s’agit là de leur quatrième album. Aussi, sans laisser sur le bord de la route le bon vrai funk qui castagne (« Ain’t No Use »), l’ambiance peut glisser tranquille vers une soul bluesy sans chaos (« Waves And Wings ») voire dans des climats plus sombres aux arrangements de cordes à la Syl Johnson (« Our Rulers Are Liars »). Aucun débordement incontrôlé, aucun solo qui débarque brusquement comme un flic sans mandat, même la rugissante Mayka Edjo à l’énergie vocale évidente se trouve du coup parfois comme bridée ou en retenue. Alors, on se demande si le crew Madrilène n’avance pas avec le pied sur le frein histoire de ne pas trop libérer les chevaux fougueux qui pourraient emmener la diligence dans le décor…
Max Puissant
The Sweet Vandals After All *** (Sweet Records/Differ-Ant). Disponible depuis le 6 mai en CD, LP et digital.