Après deux essais estampillés hip-hop, l’acteur Donald Glover, alias Childish Gambino, revient avec Awaken, My Love !, un album puisant son inspiration dans la soul psychédélique et le funk-rock des années 1970. Sa pochette rappelle également furieusement celle du Maggot Brain de Funkadelic. C’est d’ailleurs dans le chaudron P-Funk période Westbound Records qu’évolue la première face de cet l’album. Une influence totalement assumée, voire revendiquée quand « Riot » est entièrement basé sur un sample de « Good To Your Earhole » et lorsque « Have Some Love », avec ses guitares folky et sa rythmique rampante, évoque irrésistiblement le « Can You Get To That » de Maggot Brain. Soli de guitares acides, pédales fuzz et chœurs fantomatiques accompagnent un excellent vocaliste, qu’il s’agisse de pousser des hurlements de freak gorgés d’écho (« Me And Your Mama ») ou de singer les inflexions lubriques d’un Rick James sur « Zombies ». Le single « Redbone » évoque aussi un mash-up fantasmé entre une ballade érotique du Bootsy’s Rubber Band et une chute de studio de Dirty Mind.
Quittant l’enfer urbain du Detroit des seventies, l’ensoleillé « California » ouvre une deuxième face plus apaisée et tempérée par des sonorités plus modernes. Après une ballade soul aux allures d’errance cosmique (« Terrified »), « Baby Boy » et son clavinet rappellent les ruminations erratiques du Sly Stone de There’s A Riot Going On. L’esprit d’Eddie Hazel plane sur l’interlude instrumental « The Night Me And Your Mama Met », puis le stellaire « Stand Tall » clôt l’album sur une touche lumineuse mêlant instruments à vent et autotune. Entre héritage psychédélique et modernité R’&’B, Childish Gambino offre avec Awaken, My Love ! un véritable joyau noir, fruit d’influences parfaitement maitrisées.
Adrien Kras
Childish Gambino Awaken, My Love ! **** (Glassnote Entertainment). Disponible en CD, vinyle et version digitale