Annoncé en fin d’année dernière, le documentaire Betty Davis, la Reine du funk, a été montré cet automne lors d’une poignée de festivals européens et sera prochainement diffusé sur Arte.
Réalisé par Phil Cox, ce film retrace la carrière de la prêtresse du heavy-funk, de se débuts à nos jours, en passant par sa rencontre avec Miles Davis et la création de son trio d’albums mythiques au cours des années 1970 : Betty Davis (1973), They Say I’m Different (1974), Nasty Gal (1975) et Is It Love Or Desire (1976, mais paru en 2009).
Communiqué de presse
« Il y a toujours eu un petit oiseau à l’intérieur de moi, mais c’est devenu un corbeau noir ». Longtemps oubliée avant de s’imposer comme un mythe, Betty Davis, sorte de Prince au féminin nimbé de mystère, a traversé et embrasé la scène de la musique soul-funk américaine dans les années 1970. Diva survoltée à l’allure follement sexy, cette enfant de Caroline du Nord, songwriter dans l’âme – premières chansons à 12 ans –, débarque à Harlem en pleine ébullition de la blaxploitation, et dynamite bientôt l’image de la femme artiste noire. Coupe afro, bottes dorées et minishort à paillettes, l’ancienne mannequin, chanteuse et auteur-compositeur – elle écrit aussi pour The Chamber Brothers et The Commodores –, invente un funk sauvage et provocateur, incarnant à elle seule le credo « Black is beautiful ». Un soir au Blue Note, cette amie de Jimi Hendrix – dont elle figure une indocile petite sœur glam – et de Sly Stone croise Miles Davis. Coup de foudre et mariage. À sa nouvelle muse magnétique, le grand Miles fait découvrir Rachmaninov et Stravinski, elle le libère et l’initie à la musique électrique et à l’excentricité. De courte durée, l’union torride marque un tournant dans la carrière du génial trompettiste, lui inspirant le culte Bitches Brew, tandis que la « Nasty Gal » (« mauvaise fille ») – titre d’un de ses albums – poursuit sa route explosive en solitaire, avant de disparaître des radars, dévastée par la mort d’un père adoré.
« Ce qu’elle faisait sur scène, toute femme rêverait de le faire », résume une de ses amies. Pour la première fois depuis trente-cinq ans, Betty Davis sort de son silence. De sa voix grave, elle retrace avec émotion et pudeur son parcours météorique, sans toutefois jamais se montrer. D’elle, on n’entreverra que les ongles émeraude, son humble appartement et cette estampe d’Hokusai, témoignage d’une passion ancienne pour le Japon. Au travers de son témoignage et de celui de ses proches, Phil Cox signe en délicatesse un portrait intime de cette reine du funk, étoile filante – aujourd’hui samplée par Ice Cube – de la révolution culturelle et sensuelle de la blaxploitation.
Betty Davis, la Reine du funk de Phil Cox (France/Royaume-Uni, 201, 52mn). Diffusion sur Arte le 9 mars à 22 h 55. Rediffusion le 31 mars à 5 h 20.