Lou Reed est disparu un Sunday Morning d’octobre. Il y a six ans, ce fervent amateur de blues, de soul et de jazz avait repris sur scène l’intégralité de Berlin, son album maudit (mais culte) paru en 1973. Pour la circonstance, l’ex-Velvet Underground s’était entouré d’un orchestre et d’une chorale dans laquelle figurait Sharon Jones, en congé temporaire des Dap-Kings. Interviewée par Funk-U en octobre 2007, Sharon Jones racontait sa rencontre avec Lou Reed :
» Lou m’avait contactée à New York à l’automne 2006. Je n’avais jamais entendu l’album Berlin, et j’avoue que j’ai pris peur en découvrant les textes. (Elle se met à chanter) « This is the place where she cut her wrists/that odd and fateful night ». la beauté des paroles de Lou et l’ambiance sombre du disque ont fini par me séduire. On a joué deux soirs à Brooklyn, puis on est parti en Australie au début de l’année. Au bout de quelques dates, Lou est venu me voir dans ma loge et me disait que les journalistes n’arrêtaient pas de lui parler de « l’incomparable Sharon Jones ». Je crois qu’il commençait à en avoir un peu marre (rires). »
« Un jour, pendant un soundcheck, il s’est approché de moi et m’a demandé si je connaissais les paroles de « Sweet Jane ». Je lui ai répondu que non. Il est revenu avec le texte et a demandé au groupe de jouer le morceau. Lou voulait me tester. Je n’étais pas familière avec les harmonies originales, j’ai donc décidé de chanter le morceau à ma manière : (à plein poumons) « Jack he is a banker/and Jane she is a clerk ». Lou a écouté et n’a rien dit, ce qui est toujours bon signe. A partir de ce jour-là, il m’a laissé deux couplets de la chanson et m’a présentée au public chaque soir en m’appelant « l’incomparable Sharon Jones » (rires). »