Moins de deux ans après Venice, son troisième album, Anderson.Paak publie Malibu, un délicieux essai long de 16 pistes à classer au sommet des récentes sorties soul et hip-hop. Arrivé de nulle part et de la plus belle des manières sur six titres de Compton, l’album du retour de Dr. Dre paru en août dernier, .Paak a su s’entourer et confirmer les espoirs que le Doc a placé en lui. Tout au long de Malibu, Anderson .Paak jongle avec une facilité déconcertante entre une multitude d’aptitudes : batterie, chant, rap, basse, claviers. Pour autant, il n’est pas seul derrière la production. On retrouve l’équipe qui avait fait des merveilles sur le dernier album de D’Angelo (Isaiah Sharkey, Chris Dave, Pino Palladino), notamment sur le superbe interlude « Water Fall Interluuube ». Robert Glasper, Madlib, Hi Tek, SchoolBoy Q, The Game, Talib Kweli ou encore BJ The Chicago Kid complètent ce casting quatre étoiles.
Anderson .Paak ose, fait et défait les codes. On croirait entendre parfois Bilal ou Kendrick Lamar, mais ne comparons pas l’incomparable : musicalement, il s’en détache en cumulant les talents énoncés précédemment tout en explorant avec une folle liberté rythmique les possibilités up ou low-tempo. Certaines productions ont entièrement leur place dans n’importe quel classique de la Blaxploitation (« The Season/Carry Me »), d’autres faisant presque passer Dre pour un titulaire de la carte vermeil (« The Come », « The Waters »), The Weeknd pour un débutant du groove radiophonique (« Am I Wrong »), voire Prince pour un novice en matière de mises en place complexes (« Sillicon Valley »). Le tracklisting obéit à une logique implacable, baladé entre histoires de cœur et points de vue sur la condition africaine-américaine actuelle au pays de Donald Trump.
Farouchement opposé au concept d’EP, Anderson. Paak prouve aussi avec panache qu’un album inattendu vaut toujours mieux que mille extended plays de présentation. Avec Malibu, Anderson .Paak fait démarrer l’année 2016 sur les chapeaux de roue, à la veille d’une tournée européenne qui débutera le 11 février prochain. Avis aux retardataires : la date parisienne est déjà complète.
Jim Zelechowski
Anderson. Paak Malibu**** (Steel Wool/Empire).