Révélée en 2012 avec le délicat Is Your Love Big Enough ? et sa tournée subséquente, Lianne La Havas signe son retour avec Blood. Inspirées en partie par les origines de la songwriter Gréco-jamaïcaine (le Sang du titre est celui qui coule dans ses veines), les chansons de son second album additionnent les couleurs et les collaborateurs. Paul Epworth, responsable des succès d’Adele, cosigne le majestueux single James Bondien « Unstoppable » dévoilé au printemps dernier, tandis que Stephen McGregor, spécialiste du dancehall, s’accapare les arrangements de la majeure partie d’un disque qui -Dieu Merci !- ne contient aucune trace de reggae.
Plus rythmé et basé sur le beat que son précédent essai, Blood déploie ses pulsations groove dans le funk mélodique de « Tokyo », le R&B pianoté de « Midnight » et l’hommage à Sly Stone « What You Won’t Do » avec son clin d’oeil oblique à « Hot Fun on the Summertime ». Pièce centrale de l’album « Green & Gold » (pour les couleurs du drapeau jamaïcain) voit Jamie Lidell dessiner une élégante programmation électronique sur une ligne de basse cloutée jouée par la singer-songwriter de « Lost and Found ». « J’ai imaginé Blood comme les deux faces d’un vinyle. La première est funky, l’autre est plus cérébrale, plus expérimentale », nous confie Lianne La Havas dans un extrait d’une interview publiée prochainement dans ces pages.
Album bichrome, Blood souffre cependant d’un déséquilibre entre une première moitié groovy irréprochable et une seconde période introspective où l’agencement de ballades qualitatives, mais sensiblement répétitives, perturbent le flow général. « Never Get Enough », surprenant dérapage passif/agressif, détonne également en fin de parcours, mais le spleen des arpèges du subtil « Good Goodbye » final confirment que Lianne La Havas, à à peine 25 ans, possède un talent d’écriture et une aura qui devraient bientôt lui ouvrir les portes du crossover. À suivre, donc.
Lianne La Havas Blood*** (Warner Music). Sortie française le 4 septembre. En concert à Lille (L’Aéronef) le 28 novembre et à Paris (Bataclan) le 1er décembre.