Si la DeLorean de Retour vers le Futur existait, nul doute que Leon Bridges serait de ceux qui monteraient à bord, destination 1955, pas loin du Mississippi ou de l’Alabama. À l’heure du revival soul/rhythm’n’blues, le premier album du songwriter Texan se détache du lot grâce à deux atouts : sa simplicité et son émotion. Et la magie opère : les dix titres homogènes et classieux de Coming Home ont été entièrement enregistrés en analogique et en conditions live dans un hangar abandonné de Forth Worth. Le mix valorise la voix lead et le vibrato du prodige entouré de chœurs, de rares cuivres et d’un orgue discret par endroits.
Il serait facile de comparer Leon Bridges à Sam Cooke ou Otis Redding, mais la tessiture de Leon Bridges se démarque largement de ces derniers. « Better Man », le single évident de l’album, est parfaitement exécuté et aurait certainement dû être placé en pôle position dans la tracklist : le pattern de batterie, la mélodie et le thème des paroles font certainement déjà de ce titre un modern-classic alors que « Brown Skin Girl », « Smooth Sailin’ » et « Flowers » accélèrent le tempo d’un album jonché au deux tiers de ballades. Et quand résonne la guitare slide de « Twistin’ and Groovin’ », le titre le plus Dixieland de Coming Home, on remonterait même jusqu’en 1910, nom de Zeus !
Jim Zelechowski
Leon Bridges Coming Home (Columbia/Sony Music). Disponible en CD, vinyle et version digitale. Concert à Paris (Trabendo) le 8 septembre.