Déjà 20 ans que Snoop Dogg tisse des liens étroits avec le funk et ses (nombreux) dérivés. Adoubé par plusieurs générations de parrains du genre, de George Clinton et la Parliamentfunkadelicthang à Dâm-Funk, le survivant de Death Row adresse aujourd’hui un salut nostalgique à ses aînés dans Bush, son treizième album produit par l’inévitable Pharrell Williams. Et quoi de plus normal que d’inviter ses oncles prestigieux à la G-Funk Party ? Stevie Wonder joue de l’harmonica et harmonise sur le groove laiback et estival de « California Roll ». L’infatigable Charlie Wilson rehausse les refrains de l’über-groovy « Peaches N Cream », également traversé par le gimmick vocal de « One Nation Under a Groove », « So Many Pros » et d' »Awake », un des nombreux extraits de Bush réminiscents des Chic-isms préférés de Pharrell Williams et des rythmiques electro/analogiques percutantes de N.E.R.D.
Snoop Dogg gets lucky ? Si les 41 minutes de ce Buisson ardent -le titre est, bien sûr, à double-sens- glissent sans douleur, certaines répétitions sont perceptibles, notamment dans le dernier tiers du parcours (difficile de dissocier les interchangeables « I Knew That » et « Run Away », featuring Gwen Stefani). Qu’importe, car le message scandé par l’échalas de Compton ressemble à celui du batteur de Spinal Tap : To have a good time all the time. Bush s’achève même sur un passage de flambeau générationnel quand Kendrick Lamar pose sa scansion hallucinée sur « I’m Ya Dogg ». Décidément pas chien, ce Snoop.
Jacques Trémolin