Qu’apprend-on après avoir refermé les 385 pages de Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ?, l’autobiographie de George Clinton basée sur des entretiens réalisés par Ben Greenman. On savait déjà que le MC en chef de Parliament/Funkadelic était un conteur hors-pair, et ces mémoires faisant preuve d’une étonnante précision mémorielle confirment le retour à la grande forme du Dr. Funkenstein. « Clean » depuis 2010, George Clinton raconte une vie proche de la structure idéalisée d’un biopic, du difficile apprentissage de jeunesse à l’âge d’or des années 1970, puis la descente aux enfers (narcotique et juridique) avant la rédemption tardive. Épicentre de l’ouvrage, les années P-Funk privilégient la description des concepts épiques de chaque album de Parliament et Funkadelic aux détails d’enregistrements et aux bacchanales de tournées qui, selon témoins, n’avaient rien à envier aux campagnes de destruction massive des rockers seventies. Bootsy Collins et Bernie Worrell sont les seconds rôles principaux d’une saga délirante émaillée d’anecdotes sidérantes, de la rencontre fortuite de zombies sur le tournage de La nuit des morts vivants en passant par l’incroyable épisode du guitariste anonyme de « Get Off Your Ass and Jam ».
Sly Stone, l’autre acolyte de Brothas Be, Yo Like George…, occupe également une grande place dans un récit dont le dernier tiers décrit (parfois longuement) les déboires juridiques de George Clinton victime des bad guys Armen Boladian et Nene Montes, dépositaires illégaux d’enregistrements historiques produits pour Westbound, Warner Bros. et Capitol. Malgré quelques réserves, Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? constitue une lecture passionnante mais malheureusement réservée aux anglicistes, la chose ayant peu de chance d’être traduite un jour dans la langue de Molière.
Jacques Trémolin
George Clinton Brothas Be, Yo Like George, Ain’t That Funkin’ Kinda Hard On You ? **** (Atria Books)