Vendredi 11 avril, le légendaire pianiste/arrangeur/producteur/compositeur brésilien Eumir Deodato donnera un concert exceptionnel à Paris, au Pan Piper. L’occasion de revenir sur la carrière du génial auteur de Prelude et de centaines d’arrangements et productions pour Kool & the Gang, Roberta Flack, Aretha Franklin et bien d’autres. Entretien.
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Funk★U : Vous n’êtes pas venu jouer à Paris depuis 2008. Qu’avez-vous prévu pour ce nouveau show ?
Eumir Deodato : Oui, ça fait longtemps que je ne suis pas venu ! Je me suis dit que c’était le bon moment pour rendre visite à mes amis parisiens et jouer au Pan Piper par la même occasion. Pour ce concert, je vais jouer mon répertoire habituel. Le public connaît bien ces titres, et je ne pense pas me tromper en disant qu’il les apprécie. La nouveauté, c’est que les musiciens qui vont m’accompagner n’ont jamais joué à Paris, et ça va être une grosse fête !
Qui sont ces musiciens ?
C’est un groupe italien qui a l’habitude de se produire sous le nom Euro Groove Dept. On a déjà pas mal joué en Europe ensemble. Ce sont des gens très doués, et pas seulement pour leur maîtrise instrumentale (rires) !
Quels titres allez-vous jouer, alors ? Les classiques ? De nouveaux titres extraits du récent The Crossing, paru en 2010 ?
Nous allons jouer différents styles de musiques, comme d’habitude, avec du funk brésilien et américain mélangé avec des éléments rock. J’adorerais jouer des extraits de The Crossing, mais il me faudrait un coup de main d’Al Jarreau pour ça, car on a enregistré cet album tous les deux. Nous sommes parvenus à le présenter sur scène l’année dernière, j’espère qu’on recommencera bientôt.
Quels sont vos projets. Des concerts ? De nouveaux enregistrements ?
Encore quelques concerts et surtout des arrangements, ce qui reste mon activité principale. À l’époque, il y avait une grande différence entre les métiers de producteur et d’arrangeur. C’est moins évident de nos jours. Dans le temps, un arrangeur ne pouvait pas être un producteur, car ces deux fonctions exigeaient des capacités techniques et harmoniques totalement différentes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui… Quelques productions et de nouveaux enregistrements sont prévus cette année. L’an dernier, j’ai beaucoup travaillé au Brésil avec Vanessa de Mata sur un projet basé sur les chansons d’Antonio Carlos Jobim. Une tournée et de nouveaux titres vont bientôt arriver.
Il va falloir donc être patient pour voir arriver un nouvel album de Deodato.
Oui ! On devrait faire des disques uniquement quand on a quelque chose à dire. À partir du moment où on oblige un artiste à enregistrer un album, ça devient juste un disque de plus. Si je croyais aujourd’hui autant à mes nouveaux morceaux qu’à l’époque de mon premier album, peut-être que ça vaudrait le coup. J’avais besoin de dire quelque chose quand j’ai sorti Prelude. C’était une période très difficile pour moi. Je venais de perdre mon père, j’étais fils unique et il fallait que j’exorcise ma tristesse à n’importe quel prix. J’ai enregistré Prelude, mon premier album solo, puis j’en ai fait un deuxième, puis un troisième et ainsi de suite jusqu’au sixième. Une grande partie de ces albums ont été créés par obligation. J’estime que bon nombre d’entre eux n’auraient jamais dû sortir. C’est une réalité : dès qu’on signe un contrat avec un label, il faut sortir quelque chose. J’ai fini par quitter le label CTI parce qu’ils ne me payaient pas, et parce qu’on me mettait la pression en permanence… Je sais aussi que pour certains artistes, les disques ne deviennent plus que des excuses pour partir en tournée. Si j’enregistrais un album à contrecœur, mes concerts seraient tristes.
Propos recueillis par SlyStoned
Deodato en concert à Paris (Pan Piper) le 11 avril. Billets en vente sur tous les réseaux.