Derrière cette pochette au psychédélisme Marvelien avant l’heure, se cache une des productions charriées par les eaux boueuses du bayou de Swamp Dogg. Batteur de fonction première, Tyrone Thomas, rebaptisé Wolfmoon par le chien de marécage, réalisait en 1969 cet album habité par une voix brutale, à l’opposé des normes doo-woop tout en harmonies. Rhythm & blues et gospel seront les deux pistes majeures empruntées par le lupus, entre conventionnel inoffensif et déglingué sous substances. Car, bien que souillées par la patte crasseuse du Dogg, les reprises de « If I Had A Hammer » ou de « Proud Mary » accolées à un « Godbless » niaisement naïf ou naïvement niais constituent la face la plus présentable du canidé. Et c’est finalement quand le loup retourne à l’état sauvage, qu’il va laper le funk et la soul sales à même le sol, que son chant devient possession et que cuivres et guitare ne se soucient plus de tout ébrécher sur le passage que la chose devient la plus intéressante. Même camouflé sous des cordes émouvantes et des claviers liturgiques, même lavé et relavé encore, ce disque sentira toujours la crasse animale.
Max Puissant.
Wolfmoon (Alive Natural Sounds/Differ-Ant). Disponible en CD, LP et digital.