Avis de tempête sur Sète. Le bord de mer a fortement tangué lors de la venue de Trombone Shorty dans l’enceinte du sculptural théâtre Jean Vilar. A ciel ouvert, sous une chaleur étouffante, le souffleur américain a redonné de l’oxygène à près de 1500 convives, pourtant bien occupés à racler le fond de leur assiette méridionale. Car il en fallait bien du courage pour résister à cette impressionnante armada de groove débarquée de Louisiane.
Deux heures durant, le natif de la Nouvelle-Orléans n’aura d‘ailleurs pas manqué d’honorer ses racines fortement teintées de l’esprit Marching Band. « St James Infirmary », « Mardi Gras » : les cuivres se chauffent. Et quand Troy Andrews ne souffle pas (trombone, trompette, qu’importe), c’est de ses doigts pointés vers les cimes qu’il pilote en vrai chef d’orchestre des breaks élastiques, exécutés sans ciller par son groupe des Orleans Avenue. Cinq trentenaires coincés sous des t-shirts chipés à la friperie du coin (exception faite de Michael Ballard, bassiste en cuir pas encore repu de sa période Glam) et dotés d’une énergie sauvagement débonnaire, renvoyant sans mal les Red Hot Chili Peppers à leurs heures de catéchisme.
Mais où est Shorty ?
Nouvelle Orléans, donc. Deux minutes d’arrêt, tout le monde descend. Shorty prend lui le train en marche. Après quelques amorces poliment empruntées à For True, son deuxième album, et une reprise copie-carbone d’« American Woman » (l’influence Kravitz, sans doute), Trombone oublie les formalités et débarque au milieu de la foule, ses musiciens à ses trousses, pour entonner le fastueux « When The Saints Go Marching In ». Mais où est Shorty ? L’assemblée semble chercher du regard celui qui vient de s’opposer à la nuit en bousculant quelque peu le protocole.
Décidément insaisissable, à l’aise dans tous les registres, Trombone Shorty déballe alors tel un grand gamin de 27 ans, sa panoplie de Trombone Funky. Porté par un pattern de batterie totalement ébouriffant, c’est tout James Brown qui semble se réincarner sur scène : saillies vocales tranchantes comme des couteaux de boucher, pied de micro monté sur ressort, petits pas sur charbons ardents, et hurlements de cuivres aux accents de « Make It Funky » et « Sex Machine ». Net, sec, précis. L’hommage au Godfather of Soul, aussi étonnant que jouissif, s’enchaine sans la moindre fausse note. Enfant des années 80 élevé par le son de la FM, Shorty n’oubliera pas non plus d’honorer le roi de la décennie qui l’a vu naitre, en bénissant la scène d’un impeccable Moonwalk. Bottes cloutées et orteils serrés dans son cuir de chausse. Who’s Bad ?
Mister Moon
Set List :
- Buckjump
- American Woman
- Mrs. Orleans
- One Night Only
- Dumaine Street
- On Your Way Own
- For True
- Backatown
- Encore
- When The Saints Go Marching In
- Hurricane Season
- James Brown’s Medley
- Craziest Things
- St. James
- Mardi Gras
- Do To Me