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Prince : tous les bonus de « 1999 Super Deluxe » titre par titre

Attendue le 29 novembre en éditions limitées 5-CDs/DVD et 10-LPs, 1999 Super Deluxe, la réédition augmentée du chef-d’œuvre electro-funk de Prince paru en 1982, propose 35 titres inédits, avec 23 enregistrements studios et un concert de 12 titres issus du légendaire Vault de Paisley Park.

Au terme d’une semaine d’écoutes intensives, Funk★U dévoile en exclusivité l’intégralité de ces titres contenus dans les CDs 3, 4 et 5 (ou les vinyles 6, 7, 8, 9 et 10 du coffret LP). Attention, spoilers !

Prince 1999Deluxe cover

Feel U Up/ Irresistible Bitch
La face cachée de 1999 Super Deluxe s’ouvre sur le double-punch « Feel U Up/ Irresistible Bitch ». Réunion de deux prototypes de futures faces-B (la première paraîtra en 1989 derrière « Partyman », l’autre accompagnera « Let’s Pretend We’re Married » en novembre 1983), le montage original réalisé par Prince dans son home-studio de Kiowa Trail et reproduit par Michael Howe et ses remixeurs trace déjà les contours soniques de 1999 : pulsions électroniques de LinnDrum savamment programmée, combos basses slapées-synth bass et voix démultipliées. Bien connue des amateurs de bootlegs, cette foudroyante suite minimaliste bénéficie aujourd’hui d’une éclatante remise en son bionique. Irresistible !

Money Don’t Grow On Trees
Caractéristique des autoproductions des années 1979-80 (type « I Wanna Be Your Lover » ou « I Feel For You »), « Money Don’t Grow on Trees » sonne comme un exercice live en studio de l’homme-orchestre de Minneapolis. « You could dance like Fred Astaire », promet Prince dans une parenthèse pop-funk 100% analogique destinée à The Hookers (futur Vanity 6), et fortement éloignée des programmations pionnières de 1999. Anachronisme ? Erreur d’étiquetage dans le Vault ?

Vagina
Citées dans la semi-autobiographie The Beautiful Ones, les descriptions transgenres de « Vagina » sont illustrées par un accompagnement guitares-basse-handclaps-voix à mi-chemin entre les rocks salaces de « Sister » et « When You Were Mine ». Rough, tant par son propos que son esprit maquette 4-pistes bricolo. Question subsidiaire : les archivistes du Prince Estate auraient-ils supprimé sa partie de batterie ?

Rearrange
Le brouillon de « Lady Cab Driver » – tempos et licks de guitares identiques mais texte différent – fait tourner le compteur pendant six minutes avec délice et culmine dans le maelstrom Hendrixien, sans toutefois atteindre les altitudes de son illustre mise en boîte définitive.

Bold Generation
Instrumentation live et réverbérations collectives (s’agirait-il d’une répétition de groupe ?) pour le modèle de « New Power Generation », la chanson-générique de la formation à géométrie variable qui accompagnera Prince au cours des années 1990. Cette variante aux couleurs P-Funk surpasse allègrement la relecture de Graffiti Bridge, dont les origines remontent désormais à 1982, preuve à l’appui.

Colleen
« Colleen » (le deuxième prénom de l’ingénieure du son Peggy McCreary), l’unique pièce instrumentale de cette généreuse – mais souvent inégale – sélection, plonge l’auditeur au cœur des expérimentations electro-synthétiques de la production de 1999 en téléscopant guitares au rasoir, basses digitales et claps atrophiés. 5 minutes 30 à l’intérieur d’un moteur qui a certainement du tourner beaucoup plus longtemps lors de cette prise…

International Lover (Take 1, live in studio)
« U’re flying Morris International » :  dévoilée sur la toile il y a quelques semaines, cette version de travail du slow conclusif de 1999 réunit Prince (piano électrique, chant) et Morris Day à la batterie sur une prise live en studio, sous l’œil de l’ingénieure du son Peggy McCreary. À découvrir ci-dessous :

Turn It Up
Traversé par un étrange tapis de percussions « liquides » calé au fond du mix, cet exercice electro-rockabilly archi-bootleggé depuis près de trois décennies aurait pu faire office de sympathique face-B – ou d’honnête single pour Adam Ant.

You’re All I Want
Fixette Princière à l’époque, le rockab’ est à nouveau de sortie dans ce rejeton de « Delirious » dont la durée – et le capital de sympathie – n’excèdent pas les trois minutes. Pour l’anecdote, la cassette originale de « You’re All I Want » avait été offerte à Peggy McCreary à l’issue d’une (longue) séance d’enregistrement.

Something In The Water (Does Not Compute) (Original Version)
À l’intérieur du réacteur (slight return) : cette fascinante version de travail du titre le plus expérimental de 1999 convoque des claviers échappés des BO de John Carpenter et un cinglant chorus de piano acoustique absent du montage final. Un regret : un implacable fade-out conclut trop brutalement cette fulgurante affaire…

If It’ll Make U Happy
Lorsqu’ils consentaient à quitter le dancefloor, The Time avaient quelques ballades sous le coude. Une légère vibration reggae, les chœurs et la guitare de Dez Dickerson et batterie live de Morris Day dynamisent un mid-tempo vraisemblablement adressé à son groupe satellite, en dépit de son inconséquence.

How Come U Don’t Call Me Anymore? (Take 2, live in studio)
« Whenever U’re ready… ». Évoquée cet été dans notre entretien avec Peggy McCreary, la version longue de « How Come U Don’t Call Me Anymore » se matérialise enfin sous la forme d’une prise alternative plus longue de deux minutes. Alors qu’on s’attendait à retrouver le climax dramatique interprété lors des tournées 1999 et One Nite Alone, cette chaleureuse proposition inédite se contente d’ad-libs vocaux supplémentaires et d’une reprise de son premier couplet.

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Possessed (1982 version)
Le quatrième CD de 1999 Super Deluxe s’ouvre sur les 8 minutes 47 de « Possessed », un inédit studio fréquemment de sortie lors du Purple Rain Tour également revisité en 1984 dans une couleur psychédélisante. À l’instar de « Irresistible Bitch », cette version initiale aurait pu être envisagée comme une solide face-B pour maxi 45-tours, comme l’attestent une production d’ensemble et un mix clairement aboutis, riches en entrelacs de claviers et en scratches de guitares James Browniennes.

Delirious (full length)
Comme son sous-titre l’indique, voici le master complet de la troisième plage de 1999, vraisemblablement édité pour des questions de durée de face vinyle. Pas de nouvel événement musical à signaler pour autant…

Purple Music
Près de 11 minutes chrono pour le Graal tant attendu de cette réédition. Surprise ! Le « Purple Music » de 1999 Super Deluxe s’écarte des fichiers proposés par le Dark Net pour s’apparenter à la version finale et « produite » de cette leçon de minimalisme electro-funk. Ici, pas de construction empirique avec ajouts progressifs d’éléments, mais une entrée en matière sans délai avec l’introduction quasi-immédiate de guitares percussives et de dissonances synthétiques. Le sommet incontestable de ce coffret et, au final, le seul titre de cette sélection d’inédits à la hauteur du contenu de l’album original 1999.

Yah, You Know
Changement d’ambiance avec la synth-pop tous publics de « Yah, You Know » et sa progression d’accords qui annonce déjà celle de « Let’s Go Crazy ». Aurait pu donner un autre hit à Adam Ant, où servir de placement de produit aux eaux Perrier (écoutez bien les lyrics).

Moonbeam Levels
Version identique à celle parue dans la compilation Prince4Ever en 2016, avec un transfert audio-numérique sans doute supérieur pour des oreilles audiophiles et surtout un fade-out instrumental plus complet.

No Call U
Le rockabilly frappe à nouveau ! Pas de quoi donner la banane pour autant avec un titre anecdotique et interchangeable avec toutes les autres tentatives Princières à l’intérieur du genre.

Can’t Stop This Feeling I Got
À ne pas confondre avec sa relecture ultérieure de 1986, cette version première du titre d’ouverture de Graffiti Bridge se distingue par son urgence electro-binaire et ses claviers staccatos. Une autre pièce à conviction à ajouter au long dossier des auto-recyclages de l’ultime débâcle cinématographique de Prince.

Do Yourself A Favor
En 2011, Pepé Willie, un des premiers partenaires musicaux de Prince, retraçait l’étonnant parcours de sa composition « If You See Me » au micro de Funk★U. Rebaptisé « Do Yourself a Favor », le résultat transfiguré de la composition du leader de 94 East débouche sur une exubérante (et tubesque !) démonstration de la facette commerciale d’un décortiqueur de consoles.

Don’t Let Him Fool Ya
Même si elle est restée sur le plancher de la salle de montage à l’époque, cette maquette catchy dessine déjà le canevas sur lequel allaient s’épancher les funksters de la première moitié des années 1980, de Change en passant par le Cameo deuxième époque.

Teacher, Teacher
À l’instar du « Can’t Stop This Feeling I Got » cité plus haut, cette offrande pop et mélodique a été retravaillée en 1986 avec The Revolution, avant d’être proposée au groupe néo-psychédélique The Three O’Clock. Et Prince inventa le mouvement Paisley Underground…

Lady Cab Driver / I Wanna Be Your Lover / Head / Little Red Corvette (tour demo)
Curieux mélange d’éléments studio, de programmations et de parties rejouées, ce medley tient le rôle de bande-annonce de la tournée 1999. L’introduction idéale au disque live qui conclut le contenu audio de 1999 Super Deluxe*.

 

CD5 / LP 9&10: Live In Detroit – November 30, 1982 (midnight show)

Substitut avantageux au CD de répétitions de la tournée 1999 initialement prévu, le premier concert inédit et entièrement remasterisé de la discographie post-mortem de Prince tient toutes ses promesses. Sa qualité sonore optimale rehausse le contenu musical d’une tournée hybride où l’instrumentation analogique épouse les programmations électroniques. Prince sur scène comme vous ne l’avez jamais entendu ! Parmi les temps forts de ce « concert de minuit » au Masonic Temple Theatre de Detroit, on notera les envolées à la Robert Fripp de Dez Dickerson sur « Little Red Corvette », un vigoureux medley « Head/Uptown » fessé par les pads électroniques de Bobby Z., un « How Come U Don’t Call Me Anymore » francophile, un « Automatic » apocalyptique et le grand final thermo-funky de « DMSR ». Puissent les prochaines rééditions Princières contenir de tels trésors, tout en privilégiant la qualité à la quantité.

Prince 1999 Super Deluxe (Rhino/Warner). Sortie le 29 novembre en coffrets limités 5CDs/DVD, 10LPs/DVD et versions digitales.

* Le DVD Live in Houston accompagnant le coffret sera chroniqué ultérieurement.