Live Report

Live Report : Lianne La Havas/David Murray Big Band feat. Macy Gray – Jazz à la Villette 29/08/2012

Lianne La Havas et sa guitare Ying-Yang ouvraient mercredi soir la nouvelle édition du festival Jazz à la Villette, en préambule de la création Stompin’ The Blues du saxophoniste David Murray accompagné de Macy Gray, sa diva d’un soir. En première partie de soirée, Lianne La Havas a séduit un auditoire pas encore accoutumé au recommandable Is Your Love Love Big Enough ?, dont la sortie est prévue le mois prochain. Lianne est une belle plante (ouarf !), son songwriting sucré-salé s’autorise des piques bienvenues (« Gone », « Forget »). Elle sait aussi manipuler une six-cordes en riffant au bord de la dissonance et en triturant les harmoniques. « Is Your Love Love Big Enough ? » conclue un set de 35 minutes, et son rendez-vous fixé le 24 octobre à La Cigale fait aussitôt le tour des répertoires d’une Grande Halle sold-out jusqu’au dernier strapontin.

Vingt minutes d’entracte plus tard, David Murray introduit son big band de 17 musiciens au cours d’un « Stressology » aux longs épanchements free. On entrevoit un instant la perspective d’une rectification en règle des standards du blues, mais le spectacle de ce soir préfère se calquer sur une autre création, Bad Blood In The City: The Pietry Street Sessions, écrit l’an dernier avec James Blood Ulmer, tout en assurant la continuité du show David Murray Big Band & Macy Gray, qui tourne aux États-Unis et en Europe depuis le début 2012.

En robe lamée et afro défiant la gravité, Macy Gray débouche de la coursive gauche tandis que le big band attaque « Relating to a Psychopat », un extrait de son deuxième album -raté- de 2001, à défaut d’un classique de la note bleue. La voix est à bout de souffle, l’allure pataude et les tentatives de conversation avec le saxophone de David Murray virent bientôt au dialogue de sourd.  « Be My Monster Love », une nouvelle composition de Murray, permet ensuite de constater le fossé qui sépare la formation et sa chanteuse. Les yeux rivés sur le prompteur, Macy Gray débite « Dead Presidents », un titre de Willie Dixon et William Emerson, puis son propre « Wake Up », assisté par un joli arrangement de flûte. L’instrumental « Let’s Talk About Jesus », repris à James Blood Ulmer, constituera toutefois l’Anapurna funky de la soirée, notamment grâce à la passe à dix insensée des souffleurs dirigés au cordeau par David Murray derrière son pupitre. Avec un organe vocal de plus en plus hésitant et un personnage de diva pop-soul au bord de la caricature, Macy Gray se Chaka Khanise de plus en plus chaque année. Quelques téméraires se lèveront quand même pendant le rappel sur le « Love Lockdown » de Kanye West (?!). Quelques-un clappent debout. Les autres cherchent surtout la sortie.

Rendez-vous mardi même endroit, même heure, avec Antony Joseph et Larry Graham et Graham Central Station !